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titre : sillage

programme : mémorial

localisation : place carnot, lyon (69)

maîtrise d'ouvrage : association pour l'édification d'un mémorial de la shoah

maîtrise d’œuvre : fanum architecture

 

          CONCEPT


         L’idée fondatrice du projet provient du contexte géographique et historique. En effet, le site consciencieusement choisi est en résonance avec la gare Perrache, lieu de départ des convois vers l’inimaginable Solution finale. Le projet s’imprègne de ce cadre et se construit autour de l’imaginaire du quai.

 

          Constitué d’un sol, d’une altimétrie particulière, d’une typologie de couverts, reposant sur une typologie de structures ; le quai est le point de départ. Il s’agit alors de tirer symboliquement parti d’une confrontation spatialement brutale entre cette place qui mérite d’exister en tant qu’espace public qualitatif et le pôle multimodal qui lui fait office de façade sud.


         ARTICULATION D’ÉLÉMENTS


         L’installation s’incarne dans un couvert structuré et rempli d’une maille de caillebotis, suspendu à deux poutres prenant la discrète forme de rails. Il filtre les rayons de soleil, laisse passer les gouttes de pluie, et adoucit le vent.

 

         Ce couvert repose sur deux points porteurs radicalement différents dans leur mise en œuvre, mais tous deux sont un hommage à la région et sa matière première constructive. L’un est un bloc de pierre à a forme laissée brut d’extraction de carrière, le second est une minéralité plus sophistiquée, dans un mélange de granulat de provenance locale également.

 

         Ce mur qui se plie délicatement s’enroule autour d’un arbre. Il crée un espace ouvert mais privilégié, propice au recueillement. La phrase d’hommage se devine depuis plusieurs points de vue, et invite au mouvement pour la découvrir en entier, et laisser son aura infuser.

 

          Une surface d’eau, dans sa géométrie parfaite, invite au recueillement d’une manière différente. Plus ouverte, moins précise, elle attrape les émotions et les laisse s’exprimer sur le miroir de ses reflets.

 

         L’ensemble s’ancre sur un socle haut de deux marches. La première permet de différencier clairement la nature du sol et délimite ainsi un seuil par une surface, et même un volume propre à l’intervention. La deuxième, plus symbolique, fait s’élever encore un petit peu pour entrer définitivement dans un parcours dont on pressent
qu’il sera singulier. Le rapport au sol ainsi établi opère à une différenciation nette d’avec le reste des revêtements de la place, en restant dans une gamme de teintes en harmonie pour ne pas alourdir sa composition complexe.

 

         Cette œuvre architecturale d’apparence simple et sobre offre ainsi un séquençage riche d’ambiances sensiblement différentes, au sein d’un objet immobilier cohérent et impactant.


         RAPPORT AU CONTEXTE


          L’intervention est issue d’un rapport fin avec l’environnement dans lequel elle s’insère.

 

          Son orientation est pensée pour susciter l’interrogation depuis la rue, par sa géométrie monolithique.

 

          Depuis le cœur de la place, c’est son aspect inversement ouvert qui offre une appréhension aisée par les différents côtés ; facilitant l’attroupement tout autour, le parcours à travers, et les co-visibilités depuis l’installation vers l’extérieur et vice-versa. La phrase inscrite reste le fond de scène.


         MATÉRIALITÉ, ENVIRONNEMENT


         La matière au travers de laquelle l’œuvre prend forme est la dualité minéral / métal. Ce duo est constitutif de l’univers du chemin de fer : des rails, en passant par les quais, les abris, et les gares en elles-mêmes. On le retrouve également dans une image structurante (bien que mouvante) de l’histoire de la place : la statue allégorique de la République.

 

         Les quatre éléments interagissent dans l’intervention. L’eau est centrale, les matières minérales rappellent la terre dont elles sont extraites, l’acier évoque le feu dont il a besoin pour être forgé, et le vent traverse l’espace ouvert. De ces symboles a-temporels émanent une mystique universelle propice à la paix intérieure et la réflexion.

 

         Le sujet traite d’une époque de l’Histoire qu’il convient de ne pas oublier. Afin d’être en harmonie avec l’époque présente, ainsi que pour les génération futures auxquelles ce mémorial s’adresse tout particulièrement, nous souhaitons adopter une démarche environnementale qui, loin de se plaquer a posteriori sur un projet conçu
hors de ces questions, épouse au contraire des caractéristiques positives dans l’acte de sa construction :
- Local : s’approvisionner en pierre(s) de carrière(s) de la région
- Réemploi : métal recyclé
- Upcycling : sol et mur ‘‘terrazzo’’ de rebut de pierre (de carrière locale) et de béton si possible.


         VARIABLES DE CO-CRÉATION


         Nous proposons des sources d’ajustement du projet, dans l’optique de la phase 2 ou même ultérieurement ; envisageant un travail en concertation au vu de l’enjeu sensible et important. Ainsi ;

 

- Les études techniques permettront de préciser les détails constructifs, ainsi que le rapport à l’existant et l’insertion précise dans le contexte (topographie, canalisation présente, etc),
- Les matériaux à affiner selon les possibilités et exigences environnementales,
- L’accessibilité, en fonction de la topographie et son altimétrie,
- La mise en lumière, avec un projet d’ambiance à préciser,
- Une requalification du sol plus large si possible, pour établir un rapport mélioratif entre la place complexe, les arbres existants à préserver, et l’intervention en elle-même,
- Décollement du sol de la paroi courbe, pour rendre cet espace (bien qu’ouvert) peut-être un moins reclus spatialement,
- Le couvert en caillebotis de maille carrée peut prendre un motif d’étoiles, pour une symbolique plus figurative ;

 

         Ce sont autant de sujets ouverts que nous souhaitons laisser support de modification et appropriation par les acteurs du projet, afin de faire converger les intelligences, attentes et projections.


         CONCLUSION


         L’œuvre cherche à combiner, dans la forme, un jeu de matières évocatrices à, dans le fond, une litote de l’histoire de la Shoah. Cette réinterprétation formelle et spatialisée aspire à la contemplation, au recueillement, et à l’ouverture à tout individu grâce à son symbolisme transculturel géométrique et élémentaire. Elle cherche à inspirer le calme et la paix, antithèses radicales de l’immondice paroxysmique de l’Holocauste, tout en - paradoxalement - la représentant.

 

          En un mot, devenir un lieu support de mémoire, avec pérennité.

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